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Un photographe nature reconvertie en libraire pour les festivals photo nature

 

Du 18 au 20 avril 2025, avait lieu, comme depuis 30 ans, le festival de l’oiseau en baie de Somme. Presque une institution 😉. Un festival bien implanté qui mélange habillement sorties nature (près de 300 programmées), masterclass photographique (Bastien Riu en 2025) et expositions photographiques. Si le festival dure 10 jours, seuls les 3 derniers jours accueillent les dizaines d’exposants photographes sous un chapiteau de 800 m2 qui leur aient dédié dans la commune en bord de mer de Cayeux.

C’est donc sur ces 3 derniers jours que j’ai présenté ma nouvelle activité 2025 : Tenir un stand librairie en festival photo nature.

Un peu de contexte

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Si je dois faire une rétrospective rapide de mon parcours photographique, cela ressemblerait probablement à ça : 

2010-2025 photographe nature

2019 : Première exposition sérieuse au festival de Montier-en-Der (un vrai déclic)

2021 : fin du salariat et ouverture de ma société Banyan Numerik dans diverses activités photographiques

2022 : auto-édition de mon premier livre photo pratique “l’art de la proxiphotographie”

2023 : édition du premier livre photo macro collectif avec 25 photographes de renom.

2024 : échange et collaboratiuon avec les éditeurs Biotopes et Omniscience pour une potentielle collaboration.

Janvier 2025 : lancement de 4 livres thématiques collectifs à grande échelle (plusieurs centaines de photographes concernés) sur les plus belles images de nature de l’année 2024

Avril 2025 : libraire au festival de l’oiseau

 

Cette suite chronologique semble relativement logique, mais la finalité concrète en tant que libraire a réellement été envisagée uniquement sur le dernier trimestre 2024. Comme énoncé précédemment, ma société comporte plusieurs activités et je reste constamment à l’écoute de nouvelles opportunités de croissance. À condition que j’y trouve du plaisir bien sûr !

Un peu de constat…

On ne s’en rend pas tellement compte, mais il existe plus de 100 festivals photo nature sur le territoire français. Certes, tous n’ont pas l’envergure du festival de la photographie animalière de Montier en der qui accueille chaque année environ 45 000 personnes. Ces évènements sont soit propulsés par des clubs photo locaux, soit par des associations créées spécifiquement pour ces évènements. Beaucoup de ces évènements sont loin d’être anecdotiques. Les photographes nature qui exposent régulièrement en festival comme moi ne vont pas vous dire le contraire.

Pour un festival photo nature, le nerf de la guerre, en plus d’une programmation de qualité, c’est le nombre de visiteurs qui se déplacera le jour J. La grande majorité de ces évènements accueillent plus de 1000 visiteurs sur un week-end.

Dans mon parcours de jeune exposant assidu et passionné, près de 90% de ces festivals qui programment des expositions photographiques nature de qualité ne possède pas de point ou stand librairie. Un comble quand on pense à la cohérence entre ces 2 univers. Quoi de plus logique d’associer de magnifiques photos nature et leur auteur avec des livres traitants du même sujet.

 

Les raisons de l’absence de stand librairie en festival photo nature

Les raisons de ce constat sont multiples :  

  • Pas de place
  • Pas de libraire disponible ou proche
  • Trop de contraintes logistiques
  • Jugé trop commerciale
  • ou une absence de réflexion à ce sujet.

 Si on écarte les choix qui s’imposent aux organisateurs comme le manque de place ou l’aspect commercial rédhibitoire, la difficulté de trouver un libraire proche et disponible qui accepterait des contraintes logistiques et humaines énormes pour un évènement de 48 ou 72h est souvent la raison de cette absence de point libraire.

 C’est alors que j’ai imaginé cette activité de libraire spécialisée dans les ouvrages nature, photo nature et scientifique POUR les festivals photo nature.

 Je me suis donc associé à des éditeurs majeurs dans ces domaines d’expertises pour proposer une offre de titres complètes et cohérentes pour ces lieux de passionnés.

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logo-editeur-Omniscience

IMPORTANT : je peux m’adonner à cette activité, car l’objet social de ma société me le permet. Il ne suffit pas d’être une société pour pouvoir distribuer des livres de manière traditionnelle ou être assimilé à un libraire.

À 7 jours de mon premier festival photo nature en tant que libraire

Après avoir discuté des différents titres à proposer avec les éditeurs, il faut réceptionner et trier les différentes livraisons de livres reçues. Dans mon cas, cela représente plusieurs palettes. Ces livraisons sont censées pourvoir aux besoins d’un stand de librairie sur plusieurs festivals. Il faut donc prélever quelques exemplaires de chaque référence pour s’organiser efficacement entre chaque déplacement.

 Une chose que j’avais franchement sous-estimée : le poids des livres ET des cartons de livres. Merci les formations de gestes et postures de mon ancienne vie professionnelle. Je peux vous confirmer qu’il est inutile, si l’idée de devenir libraire itinérant vous séduit, d’envisager cette activité sans l’utilisation d’un véhicule utilitaire.

Pour résumer cette première étape, c’est de la manutention dans toute sa splendeur : 

✅ Réceptionner les livres

✅ Prélever une offre complète et organiser ses futurs déplacements

✅ Ranger son espace de stockage

✅ Charger la marchandise dans l’utilitaire

✅ décharger la marchandise sur le lieu d’exposition

✅ Concevoir un stand agréable et vendeur.

Au final, ce sont plusieurs tonnes de livres qui ont été déplacés en l’espace de quelques jours. J’ai pris alors conscience qu’il fallait revoir cette organisation sous peine d’y laisser un dos !

Le jour J : mode libraire activé

ça y est, le festival ouvre.

Voici le stand à l’ouverture. Tous les livres sont en place et l’offre est correctement présentée selon les univers (macro, oiseaux, botanique…).

libraire festival photo nature patrick goujon banyan numerik 34

L’espace représente 15 m² au sol. C’est un joli stand librairie de 5 m sur 3. Tant que l’on n’a pas effectué son premier déplacement et sa première mise en place, il est dur de se représenter l’espace que l’on peut réellement occuper avec son offre. Avec cette première expérience, je peux vous affirmer qu’une surface de 15-20 m² est idéale pour mon activité. Ni trop grand, ni trop petit, cette surface est un bon compromis entre nombre de références proposées et le confort de lecture pour les visiteurs.

Dès la première journée, j’ai pris conscience que les point de vigilance les plus importants à considérer, pour une activité de libraire ou un stand commercial plus globalement, en festival photo nature sont : 

 

  • La visibilité du stand
  • la circulation des visiteurs sur le stand

 

Sur le premier point, malheureusement, ce stand ne cochait pas forcément toutes les cases. L’offre de livres n’était pas assez visible à l’approche du stand et ce point librairie se trouvait plutôt en fin de parcours des expositions photos. Le ressenti sur la position du stand était dur à déterminer en début de festival, car il se situait pourtant à côté du lieu des conférences des photographes. Cela aurait pu générer, tout au long de la journée, des vagues régulières de visiteurs sur le stand. Malheureusement, ces vagues se déversaient du côté opposé à mon emplacement 😟.

Bilan, les visiteurs passaient une fois devant le stand et bien souvent, avaient déjà effectué des achats en amont. On se montre plus réfléchi dans ses dépenses quand un premier achat a déjà eu lieu.

Le seul élément sur lequel je pouvais agir était la visibilité directe du stand. Avec les organisateurs du festival (merci Delphine moreaux), la décision a été prise de faire sauter 2 panneaux pour proposer un stand ouvert.

Voici quelques clichés du résultat final. Avouez qu’il y a une sacrée différence avec la première image.

Concernant la circulation des visiteurs, là aussi le retrait des  2 panneaux a été salutaire. À l’origine, ces 2 panneaux créaient un enfermement et une sensation d’oppression dès que le nombre de visiteurs augmentaient sensiblement sur le stand. Avec une situation inconfortable pour visualiser les ouvrages, les visiteurs écourtaient leur lecture et passaient à un autre stand .. plus aéré.  

 

Les 2 derniers jours du festival

 

Il n’y a pas eu d’autres nouvelles modifications qui ont été effectuées sur le stand. Le samedi et le dimanche ont été des journées d’observation et d’échanges avec les visiteurs et photographes du festival.

 

Bilan de l’expérience

Ce premier festival en tant que libraire est positif sur plusieurs points de vue. Cette première expérience a permis de : 

  • Confronter mon ambition de libraire itinérant à la réalité d’un festival
  • Mesurer le facteur poids des livres sur un cycle complet (domicile-transport-déchargement-mise en place -, etc…)
  • Apprécier l’engouement de ce type de stand en festival
  • Réaliser des visuels en situation pour démarcher d’autres festivals
  • Découvrir la notoriété de certains livres
  • Appréhender la surface de présentation idéale en festival
  • Mesurer l’importance de l’emplacement en tant que stand commercial.

Il est évident que je ne peux pas projeter mes déplacements futurs sur la base de cette unique expérience. En revanche, je garderai un bilan très positif et encourageant de ce premier déplacement en tant que libraire.

Plusieurs festivals en tant que stand librairie sont encore au planning pour cette année de test. Je tirerai mes conclusions définitives en novembre de cette année. je partagerai également la globalité de cette expérience dans un article futur.

Ah j’oubliais, pour toutes les personnes qui se demandent si cette opération a été rentable (chiffre d’affaires – toutes les charges), je répondrai oui. 

Désolé pour ceux qui souhaitent plus de précision, il est encore trop précoce pour que je partage les chiffres résultant de cette activité.

 

Conclusion

je ne vais pas paraphraser ce qui a déjà été dit dans le paragraphe précédent. Je conclurai simplement cette expérience et cette ambition professionnelle en élargissant ma réflexion vers les stands d’expositions photographiques.

Les stands des photographes présents durant ce festival photo nature ne sont pas à proprement parler des stands à vocation commerciale. Cependant, je ne crois pas me tromper en disant que chaque artiste cherche sur ces lieux à partager son art, mais également à rentabiliser les coûts de sa passion. Plusieurs éléments de réflexion de cet article peuvent servir aux photographes soucieux d’améliorer la rentabilité de son stand d’exposition. Tous les photographes doivent apporter un grand soin, pendant la réalisation de leur stand, au sens et à la densité de circulation des visiteurs. Le premier impact visuel est déterminant. Dans une période où l’attention est si volatile, il est primordial de susciter la curiosité.

Patrick GOUJON